Rien de bien sérieux, la littérature : si, dans des recueils de poésie chinoise, peuvent se glisser les oeuvres d’une jeune femme – Judith Gautier – curieuse d’Orient et vaguement initiée au chinois, dans l’aveuglement général ; si on peut, des décennies durant, être Cioran, s’égosiller contre les cieux et puis, se retournant sur l’oeuvre faite, n’y trouver qu’un tas de mots transparents que la traduction ramène à leur poids réel de pensée ; si l’on est un écrivain à la Yourcenar, qui se moque d’être classique, officielle, et préfère parler de ses confitures,
discrète comme ces fonctionnaires du théâtre chinois glissant vêtus de gris parmi les personnages. Tout cela léger, des oeuvres de passeurs sans assignation territoriale. « On s’en fout, on n’est pas d’ici, on s’en va demain. » Y croyons-nous, amateurs de livres et de littérature, plus que les auteurs eux-mêmes, ou que les journalistes épinglés par Philippe Didion, pris sur le fait, empêtrés dans leurs phrases ? Faisons des phrases, d’autres prendront la rue et les banderoles. Et dans quelque temps, des philologues ingénieux s’épuiseront en conjectures pour comprendre ce que signifiait, au XXIe siècle, un événement comme « Un jour Tschann a traversé la rue ».
Érudits du futur, la réponse est dans HL 26.