Histoires Littéraires existe depuis maintenant vingt-deux ans et n’a rien perdu de son élan originel, au contraire.
Fondée avec Jean-Jacques Lefrère comme un défi et une aventure excitante après le succès inattendu de notre premier Colloque des Invalides, la revue n’a pas changé d’aspect tout en s’adaptant aux évolutions de son champ d’intérêt : le XXIe siècle s’est ajouté aux deux siècles d’abord visés et la francophonie s’est greffée au vaste domaine de la littérature française, notre foyer de curiosité principal.
Après le décès de Jean-Jacques, je me suis employé à poursuivre l’entreprise, dans le même esprit, grâce à nos fidèles soutiens.
C’est aujourd’hui toute une équipe constituée au fil des dernières années à laquelle je suis heureux de passer le relais, appuyée comme depuis le début sur les Éditions du Lérot.
Merci à tous, anciens et nouveaux, rédacteurs, lecteurs, auteurs, si nombreux à avoir soutenu une aventure si parfaitement originale.
Avec vous, toujours inventifs et toujours curieux, l’aventure continue.

Michel Pierssens


Particulière à plus d’un titre, cette livraison d’Histoires littéraires se place sous le signe du dévoilement. Ainsi Alain Chevrier ouvre-t-il la ronde en livrant la clé de l’énigme entourant une allusion à Catulle Mendès chez le Faustroll de Jarry, la débusquant dans une série de poèmes publiés dans la presse. .S’il existe des pages de faux titres, Gilles Couffon nous apprend qu’il existe également de vraies fausses originales en nous proposant une enquête bibliophilique minutieuse à propos de l’un des titres phares du catalogue Lemerre : Les Trophées de José- Maria de Heredia.

Les plaisirs et les jours, Marcel Proust, Illustration de Madeleine Lemaire

Présentant en avant-première un chapitre d’un livre à paraître concernant le travail de l’illustrateur de l’œuvre de Proust, Jan Bactens examine de son côté le travail la première d’entre elle, Madeleine Lemaire, pour Les Plaisirs et les Jours. En matière de « Loisirs de la poste », Michel Brix livre la clé d’une lettre énigmatique de Nerval qui le prend en flagrant délit de mensonge à l’un de ses correspondants. Dans la foulée de son envoi en signe d’au revoir de la part du fondateur d’Histoires littéraires, la revue devait bien un clin d’œil appuyé et amusant à Michel Pierssens. Aussi Roman Enriquez et David Martens ont-ils rassemblé un petit dossier en forme d’échantillons de cette pratique qui singularise les exemplaires et cristallisent (ou brisent, à l’occasion…) les relations dans le domaine des lettres. En plus de la désormais annuelle anthologie documentaire rassemblant 25 envois présentés par 25 auteurs, Éric Nicolas nous évoque une « ténébreuse affaire » relative à Tristan Derème et à un livre réunissant certains de ses envois, Marie-Pier Luneau nous présente un document aussi insolite qu’instructif, dans lequel le libraire Montréalais Henri Tranquille a catalogué sa collection personnelle d’envois, tandis que, pour la rubrique « Aux fonds », Cécile Ricard nous présente la Bibliothèque Jacques Duclos de Louey, dans laquelle sont notamment conservés de nombreux envois à cet homme qui fut une figure éminente du Parti Communiste français de l’après-guerre. Au rayon des chroniques, Jean-Paul Goujon nous livre sa moisson trimestrielle dans les catalogues de vente, avec son lot de découvertes, de surprises, mais aussi d’agacements et de piques bien senties qui font la délectation de ses lecteurs. Olivier Barrot évoque sa relation avec Jean Follain et sa poésie, tandis qu’Anthony Glinoer propose une livraison consacrée aux publications d’éditeurs en abordant cette fois leurs contributions aussi riches que variées en matière d’écrits mémoriels. Cet ensemble est comme il se doit suivi par les rubriques coutumières de la revue : comptes-rendus d’expositions, en plus de deux entretiens relatif à des publications de ces derniers mois (Vittorio Frigerio sur Proudhon & Steve Murphy sur Flaubert) et les traditionnels comptes rendus. D’énigmes d’écriture et de bibliophilie en illustrations parfois oubliées en passant par ces gestes d’écriture toujours singuliers et peu connus pour la plupart d’entre eux que sont les envois, en somme, ce numéro plonge dans l’inconnu pour trouver du nouveau, en signe d’affectueuse reconnaissance à Michel Pierssens.

Sommaire Histoires littéraires n°89