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2000-2020 : Histoires littéraires a vingt ans. Ce ne sont pas encore des noces d’argent, mais on s’en approche. Entretemps, la vie a parlé : certains collaborateurs ont disparu, d’autres sont venus nous rejoindre. Pour ce vingtième anniversaire, nous n’avons cependant pas cherché à confectionner un numéro spécial. On trouvera donc ici un numéro de varia, qui témoigne à la fois de la continuité de la revue et de la diversité des recherches qui s’y reflètent. Un grand nombre d’articles de ce numéro concernent l’édition et ses problématiques diverses : acceptation ou refus d’un manuscrit, figures d’éditeurs, collections thématiques, archives des éditeurs, paralittérature, etc. Tout d’abord, un petit scoop : une lettre inédite de Baudelaire, témoignage du guignon persistant qui l’aura poursuivi à propos de la publication de sa traduction du « Mystère de Marie Roget » d’Edgar Poe. La bibliographie et la bibliophilie sont à l’honneur dans la correspondance croisée entre Charles Nodier et Gabriel Peignot, présentée par Jacques-Remi Dahan, dont on connaît les travaux sur le premier. Après ces deux érudits complices, deux figures antithétiques : Louis de Gonzague Frick, dandy épris de poésie et de préciosité, et Joséphine Colomb, qui écrit pour les jeunes filles. Un acrostiche d’André Godin, présenté par Stephen Steele, évoque Frick à la guerre, en tant que poilu, mais toujours voué à la poésie au milieu du conflit mondial. À l’exact opposé se trouve un roman destiné à la jeunesse, Les Révoltes de Sylvie de Joséphine Colomb (1889), qui n’est pas aussi inoffensif et pâlichon qu’on pourrait le croire, et que Laurence Chaffin-Lévêque définit comme « une pépite féministe perdue dans un océan de littérature de soumission ». Mais au moins une telle littérature était-elle publiée, ce qui ne fut pas le cas pour Jack Thieuloy, dont Olivier Bessard-Banquy retrace le vain combat pour être édité, et aussi la persévérance dans l’échec et la mégalomanie, ce qui nous vaut une belle anthologie de lettres de refus émanant des plus célèbres éditeurs : de quoi nous faire réfléchir sur les critères adoptés par ceux-ci pour publier un manuscrit. Les collections créées par certains éditeurs font partie intégrante de l’histoire littéraire, comme le montre Pierre-Marie Héron en retraçant l’aventure de la collection « Qui êtes-vous ? » de La Manufacture. Et c’est aussi une aventure éditoriale assez particulière que celle d’Albert Savine, que nous retrace, avec sa précision et sa richesse documentaire habituelles, Jean-Yves Mollier. On va plus loin encore – car « tout est littérature… » – avec l’entretien de Jan Baetens sur le roman-photo, un genre hybride qui eut son heure de gloire, même s’il est généralement considéré comme simple paralittérature. Edition également, avec notre nouvelle rubrique « Expositions », où David Martens nous promène de la collection pour enfants du « Père Castor » aux livres de voyage, en passant par le roman-photo. Enfin, Anthony Glinoer souligne toute la richesse, pour l’histoire du livre comme des écrivains, de la recherche portant sur les archives éditoriales francophones, recherche dont un projet pionnier a vu le jour au Canada et dont les résultats sont consultables en ligne. De Nodier à Internet, de 1808 à 2020 : la boucle est bouclée.

Sommaire Histoires littéraires n°80