C’est la mode, n’est-ce pas, d’attirer le public en des lieux sérieux sous couvert d’histoire culturelle interdite aux mineurs ! Pourtant M. de Lourdines au fronton d’Histoires littérairesn’est pas une vaine réclame, il annonce la couleur : un peu louche, un peu peuple, HL ce trimestre… Romans d’espionnage, collections littéraires illustrées, autant d’anatomies d’un premier XXe siècle qu’il est temps de sortir du placard. Et puis, au moins aurons-nous ainsi aimablement fourni, quoique à posteriori, une manière de justification à l’Administration, qui vient de retirer à Histoires Littérairesson numéro de commission paritaire, c’est-à-dire le droit à un tarif postal préférentiel réservé aux revues. Nous ne nous leurrons pas, notre revue n’a pas seulement été feuilletée pour en arriver là ; elle fait les frais, c’est le cas de le dire, d’un traitement collectif qui va conduire à l’échafaud de nombre de revues indépendantes. À quoi bon la littérature en temps de guerre économique, en effet ? C’est la question, d’ailleurs, que pose Claude Duchet, songeant à l’Université, dans la riche interview qu’il nous consacre. On pourrait répondre que donner à penser à quelques-uns ne fait au moins de mal à personne, mais faire de l’esprit, par les temps qui courent, est aussi mal vu qu’avoir des lettres : tout au plus pouvons nous assurer nos lecteurs que, dans cette galère, nous ne resterons que pour ramer à contre-courant.

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