Un énigmatique éléphant au Fénéon perché sera le chiffre secret de ce numéro d’Histoires littéraires, tant mystères et sacs de nœuds y règnent en maîtres. Quand Louÿs signe Pybrac « Des choses que je n’aime pas à voir », il faudra suivre par-delà la Manche et par-delà les siècles l’enquêteur Daniel Zinszner ; quand René Fayt file le naturaliste, anticlérical et communard Hector France, il découvrira sous son chapeau le mystérieux « bibliophile de Mirecourt » bien connu des amateurs de flagellations ; et c’est grâce à Jean-Paul Morel qu’on saura ce que faisait Fénéon en posture cocasse sur l’illustration de programme d’une pièce de Barrucand…. Mais qui a vu le boa rose de Baudelaire ? Lorédan Larchey, dont Jacques Duprilot étudie la piste lorsqu’elle croise celle du poète.

Il s’agit de suivre, suivons Eric Wessler qui renverse la perspective des lectures de Bosco en dévoilant derrière son apparent conservatisme une subtile stratégie de différenciation et de conquête du lecteur ; suivons aussi les dames mais seulement lorsqu’elles écrivent, comme Élise Michel à Zola et Mireille Havet à Colette ; suivons Dominique Noguez qui a bien des choses à dire sur le milieu littéraire français… et un journal encore inédit ; on pourrait encore suivre les Mouettes, c’est au théâtre avec Sophie Lucet. Mais on devancera les destinées de l’édition en ligne sur Internet : prochaine étape après les éditions hypertextuelles, la lecture par la déconstruction – selon François Lermigeaux. Pendant que certains déconstruisent, on se passionne encore beaucoup pour les statues, surtout lorsqu’elles sont d’injustes proportions, par excès ou par défaut : aurait-on enfermé Dumas au Panthéon pour pouvoir faire silence sur son œuvre, s’indigne Matthias Alaguillaume ? Marbres ouplâtres, la question se pose toujours, et Histoires littéraires apporte sa contribution en ouvrant, avec le cas Pagnol, une rubrique nouvelle, Petites Coupures, consacrée à l’image des écrivains dans la presse du xxe siècle. Les statues de terre cuite n’ont qu’à bien se tenir.

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