Difficile, pour une revue d’histoire littéraire, de commencer l’année 2002 sans saluer ne serait-ce qu’une infime partie de l’œuvre de Victor Hugo : au-delà de l’illustration de couverture, « le front de Victor Hugo » s’imposait à la rubrique cas-image (Alain Chevrier). Nous continuons dans le colossal en proposant notre premier dossier thématique, consacré comme il se doit à l’histoire littéraire. On y trouvera des raisons de se réjouir de la redécouverte de cette discipline (« Pour l’Histoire littéraire », proclame Vincent Laisney qui a dirigé ce dossier), des perspectives nouvelles (« Pour une histoire sociocritique poétique », lui fait écho Gérard Gengembre), des retours critiques (sur la division séculaire, par Pierre Laforgue) et l’exemple d’auteurs longtemps frappés de « décontextualisation », c’est-à-dire qui échappèrent curieusement à l’histoire littéraire et à ses classements, Raymond Roussel (Patrick Besnier) et Isidore Ducasse (Sylvain-Christian David). On complètera cet ensemble théorique et pratique par la lecture de la rubrique Le Théâtre retrouvé, qui propose, sous la plume de P. Daulnay, un cas d’histoire littéraire active stimulant : la reconstitution de spectacles du passé.
Cette revue – ayant comme le siècle deux ans – atteint une forme de maturité qui lui permet de regarder aussi gaillardement en-deçà qu’au-delà de 1900 : les auteurs du XXe siècle prennent leur revanche sur la fin de siècle en la personne d’Apollinaire (entretien avec Michel Décaudin), de Paulhan et Eluard, dont C.-P. Pérez nous offre un bouquet de neuf lettres aussi inédites qu’inattendues. Ce qui ne suffira nullement à les faire entrer tous, hélas ! dans le catalogue de textes numérisés du serveur Gallica de la BnF, comme l’expliquent Michel Bernard et Jean-Pierre Goldenstein dans un exposé-bilan des réussites et des limites du célèbre site. Les écrivains du siècle présent, nos contemporains, auront au moins la consolation de figurer un jour dans la livraison nécrologique annuelle d’Erpa de Bram, simultanément sur papier et en ligne sur le site Internet de la revue.