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Agitateur passionné de mots et d’idées, admiré inconditionnellement par les uns, viscéralement détesté par d’autres, Céline n’est pas près d’entrer sereinement au Panthéon, pas même au Panthéon littéraire. Mais quoi que l’on pense de Destouches, comment ne pas vouloir mieux comprendre Céline ?

Photo du cuirassier Destouches
Le cuirassier Destouches en grande-tenue (détail), photo studio J.Coutas, Rambouillet.

Le dossier que présente J. Bogousslavsky y contribue de manière résolue, sans reculer devant le risque d’explorer ce qui a pu faire du héros de la Grande Guerre un mythomane sans frein. Sans nécessairement se passionner pour ce débat, nos lecteurs bibliophiles ne sont pas moins gâtés, puisqu’ils sauront tout ce qu’on ne savait pas jusqu’ici sur les exemplaires sur Arches du Voyage au bout de la nuit et qu’ils découvriront — c’est un scoop — une étonnante dédicace de Cendrars à Céline, totalement inconnue. Et Gen Paul, toujours mentionné à propos de Céline et pourtant si mal connu lui aussi, si catastrophé de ce qu’il doit à son « meilleur ennemi » ? Claire Maingon nous dit tout de cette amitié si difficile à porter. C’est encore le XXe siècle qui se trouve évoqué à travers l’extraordinaire figure de Daniel Wallard, à qui Benoît Noël a consacré des travaux exemplaires, que le copieux article qu’il nous donne vient compléter de manière passionnante.
XXe siècle encore, mais prolongeant de façon magnifiquement inventive la fantaisie du siècle précédent, voici le Protée Tristan Derème, dont rien n’échappe à Eric Nicolas. Mais le XIXe siècle est toujours chez lui dans Histoires Littéraires, et Charles Cros voisine malicieusement avec Derème, grâce à Daniel Grojnowski, qui connaît comme personne les rires fin-de-siècle. Delacroix n’avait rien d’un auteur gai — on s’étonnera d’autant plus de cet autre scoop que nous révèle Claude Schopp : un portrait de Dumas, qui savait rire, lui ! Certes moins souriante, Pauline Larousse revit grâce à Jean-Yves Mollier, qui n’envoie pas dire aux héritiers abusifs ce qu’il faut penser de la manière dont ils ont voulu traiter la remarquable compagne du fondateur. La mort est de tous les siècles, avec parfois une drôlerie bien à elle, pour le plus grand bonheur des amateurs de tombeaux, chacun avec ses spécialités et ses manies. Soyons reconnaissants à Marc Angenot de faire revivre pour nous quelques-uns des plus curieux nécrophiles : les amateurs d’épitaphes. Dans cette galerie qui parcourt deux siècles drolatiques, Dominique Kalifa a toute sa place : lui aussi nous fait parcourir les curieux labyrinthes qui relient, parfois secrètement, la culture populaire et celle qui ne l’est pas.

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