Ce numéro d’Histoires Littéraires se place résolument sous le signe de la rencontre.
La littérature et son histoire sont faites de multiples croisements, on le sait, opérés souvent par un hasard ingénieux ou malicieux ou bien encore issus d’affinités prédestinées d’où découlent des curiosités, des camaraderies, des amitiés, des complicités — parfois aussi des inimitiés, voire des haines. Avec J. Bogousslavsky, c’est le terrain de l’art moderne qui apparaît à son tour quadrillé de croisements féconds entre des figures entre lesquelles se tissent d’étonnants réseaux, de Zola à Fénéon ou de Manet à Seurat.
Le lecteur découvrira l’improbable rencontre d’Artaud et de Varèse, reconstruite par C. Lacombe. C’est en revanche une non-rencontre inconnue que révèle Th. Gillybœuf en faisant revivre l’échange épistolaire inédit entre Gourmont et l’ «amie lointaine» restée telle et qu’on ne lui soupçonnait pas. Quant à J.-P. Goujon, c’est le trouble labyrinthe de l’édition et de la librairie clandestines du XIXe s. qu’il nous fait arpenter exhaustivement, là où à chaque carrefour un titre aguicheur se fait la promesse d’une rencontre plus ou moins sulfureuse. Nous devons enfin à V. Laisney la révélation fracassante des rencontres d’un Cercle absolument inconnu (et pour cause, on le comprendra) qui ralliait tout les littérateurs de son temps autour – et contre , tout contre Louise Colet.