La destinée critique d’Edmond Rostand rappelle à quel point un succès, surtout s’il est immense et universel, peut être destructeur. À cause de Cyrano de Bergerac, Rostand n’a jamais bénéficié de l’aura du poète maudit, ni de celle de l’écrivain oublié : car chacun connaît — ou pense connaître — quelques vers de Cyrano. Pourtant ! Sur L’Aiglon, a plané une équivoque nationaliste qui a fait trembler de bons esprits. À la suite de son demi-succès, le magnifique Chantecler, aboutissement et réinvention de la féerie en un temps où ce genre majeur faisait naufrage, occupe une position comparable à ces Burgraves dont nous ne savons toujours pas que faire, qui font obstacle, avec constance, à qui entreprend de comprendre l’Histoire du théâtre.
Depuis quelques années, s’ébauche un renouveau des études consacrées à Rostand. Histoires littéraires y apporte aujourd’hui sa pierre sous forme d’inédits et de documents iconographiques replaçant l’auteur des Romanesques dans son époque. Comme répond la Taupe au Premier Chat-huant qui lui demande pourquoi il hait Chantecler : « Je le hais parce que je ne l’ai jamais vu ! »