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Ce numéro 101 commence en fanfare, par un « scoop » : la révélation d’un ensemble exceptionnel de quatre-vingt-quatorze dessins inédits d’Alfred de Musset, pour la plupart inconnus, conservés dans une collection particulière. Comme le souligne Sylvain Ledda, l’un des meilleurs connaisseurs du poète, leur examen « permet d’affiner nos connaissances sur Musset et de préciser les liens qui les unissent à son entourage et à son œuvre ». Outre des autoportraits en tenue négligée ou en garde national, on y trouve, entre autres, des silhouettes d’Hermine de Musset, d’Eugène Sue, et deux étonnants Balzac : un Balzac vu de dos avec une dame, et un Balzac « allongé sur le ventre, en pleine rêverie, entourée d’angelots ». Tous ces dessins sont très précieux, car ils nous renseignent à la fois sur la vie intime de Musset et sur ses relations. Un bouddha peut en cacher un autre, c’est ce que nous démontre, preuves à l’appui, Stéphanie Dord- Crouslé, dans son article très documenté sur « les deux bouddhas de Flaubert ». On avait cru jusqu’ici que l’écrivain possédait un seul bouddha, à présent conservé au Musée de Rouen. Or, Flaubert possédait en réalité, non pas un, mais deux bouddhas, dont le second vient d’être retrouvé par Stéphanie Dord-Crouslé dans une collection particulière, avec son pedigree. À propos de pedigree, justement : c’est à préciser celui des exemplaires jonquille des Amours jaunes de Tristan Corbière que s’attache minutieusement Julien Bogousslvasky, en une impeccable démonstration bibliographique et bibliophilique. Nous pénétrons dans les coulisses d’une certaine Belle Époque, sous la houlette de Christian Soulignac, qui fait revivre l’amitié entre Jehan-Rictus, Rachilde et Jeanne Landre. Cette dernière est l’auteur d’Échalote et ses amants (roman de mœurs montmartroises), dont l’héroïne est une jeune femme très affranchie. Par sa peinture au vitriol de certains milieux interlopes de Montmartre, le livre fit « un scandale énorme », que Soulignac nous retrace avec grande précision, grâce à de nombreux articles de presse et de non moins nombreux extraits du Journal de Jehan-Rictus.
Un autre temps fort du numéro est le copieux dossier consacré au centenaire du Surréalisme : six articles, examinant successivement « 1924-2024. Le surréalisme aux quatre vents » (Emilie Frémond), « Le centenaire du Manifeste du surréalisme : quelques publications » (Michel Murat), « Un centenaire d’éphémères » (Olivier Belin), «À propos de l’exposition sur le centenaire du surréalisme en Belgique » (Manon Houtart), « L’écrit dans l’exposition Surréalisme au Musée national d’art moderne » (Anne Foucault) et « Surréalisme(s) » (Olivier Penot-Lacassagne). L’ensemble entend porter un regard critique sur les nombreuses manifestations qui se déroulèrent, en France comme en Belgique, à l’occasion du centenaire du Manifeste. Comment Clément Pastorelly devint, à Monaco, l’éditeur de Marcel Pagnol, c’est ce que nous font découvrir Gérard Minaud et Stéphanie Parmentier, au terme d’une fructueuse plongée dans les archives de Monaco et la mémoire familiale. Ou comment deux hommes essentiellement différents, l’un employé de banque et l’autre, auteur à succès, se prirent de sympathie, ce qui aboutit à la publication par Pastorelly des trois volumes de souvenirs, qui firent de Pagnol un auteur populaire à part entière.
Dans sa chronique Zigzags, Patrick Désile fait revivre les panoramas militaires du colonel Langlois, ami de Flaubert : Bataille de Navarin, Prise d’Alger, Incendie de Moscou, Prise de Sébastopol, Bataille de Solférino, qui frappèrent Gautier, Du Camp et leurs contemporains par leurs saisissants dispositifs. La Chronique des ventes et des catalogues nous offre deux lettres inédites de Baudelaire, les premiers livres, peu connus, d’Henri Béraud et des considérations aigres-douces sur le surréalisme, centenaire oblige. La « puissance monochrome de Chaval, si singulière, à la sombre et cocasse» est célébrée par Olivier Barrot, qui regonfle des souvenirs à propos de l’auteur de Les oiseaux sont des cons, ce dessinateur hors série, qu’applaudirent aussi bien Céline que Cocteau. La rubrique des entretiens est cette fois-ci double : d’une part, une conversation avec Maryline Desbiolles, et d’autre part un entretien avec Aude Bonord. Avec la première, à qui on doit une œuvre romanesque importante, la conversation roule essentiellement sur son rapport avec les livres et la littérature. Nous est offert en prime un texte inédit d’elle, Ensemble, sur Claude Simon, « témoignage d’une relation d’écrivain à écrivain ». Dans son entretien avec Emilien Sermier, Aude Bonord explicite son récent ouvrage Présences littéraires de François d’Assise (XXe-XXe siècles), en montrant combien la figure du saint et la tradition franciscaine ont irrigué toute une part de la littérature moderne : Delteil, Cendrars, Giono, Dhôtel, Yourcenar, Green, Bobin, etc. En fin de numéro, Livres reçus nous conduit de l’absinthe à la souffrance, en passant par Baudelaire, Drieu et Proust.

Sommaire Histoires littéraires n° 101