Le partage des bonheurs sur cette Terre est mal fait : les vies d’écrivains en portent témoignage. Il en est d’habitués aux joyeuses soirées en bonne compagnie. Un Hugo, un Flaubert, un Claretie savent s’entourer : la « langoureuse Léonie Brainne », « Mme Pasca, qui a du talent et qui est belle » sont attirées à eux comme le fer à l’aimant.
Julien Viaud (plus connu auprès des voluptueuses indigènes insulaires sous le nom de Loti) jouissait d’une belle maison à Rochefort, quand Baudelaire se voyait interdire l’accès de la demeure matriarcale d’Honfleur par la présence de Louis Émon, devenu son ennemi juré.
Arthur Rimbaud, las des lauriers poétiques, grimpe les échelons sociaux et profite d’une situation confortable en Abyssinie, alors que Paul-Napoléon Roinard, poète symboliste bien oublié aujourd’hui, s’était vu réduit un temps à la mendicité. Et que dire de Sylvain Itkine, qui mit en scène Ubu enchaîné, obligé par la guerre de mettre fin à l’aventure du Diable écarlate, quand un autre aficionado d’Alfred Jarry, Marc Décimo, jouit du titre de titulaire de la chaire d’Amôriographie Littéraire, Ethnographique et Architecturale au sein d’une institution prestigieuse comme le Collège de ’Pataphysique ?
Ce numéro d’Histoires littéraires le confirme : la vie est injuste.

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