« Où sont nos amis morts ? » demandait Baudelaire, demande Baudelaire, et c’est une réponse qu’indirectement donne Histoires littéraires, ils sont ici, dans des textes encore vifs, qu’ils ont écrits ou inspirés. À Claude Pichois donc, ce recueil d’hommages, où plane l’ombre grinçante de Baudelaire, la silhouette pointue de Colette. Et Banville certes, et Pierre-Jean Jouve le critique de célébration, et Bonnefoy, et Gautier le primo-décadent, et Flaubert égarant un dossier de Bouvard et Pécuchet dans un recoin de bibliothèque pour le plaisir qu’on aura à l’y découvrir, mais Colette surtout. « Ce que j’aime en Colette, c’est qu’elle n’eut jamais aucune prétention à la pensée, qu’elle ne voulut pas guider le peuple de France vers des horizons chantants. » Pas de lyrisme donc, nous serons sobres et corrects. On ne pourra dire de nous, comme De Montalembert tonnant contre la jeunesse de son siècle, que « l’Institut tout entier qui dormait comme un seul homme s’est réveillé à ces mâles accents ». Ce qui n’exclut pas une forme d’enjouement, à la Bernard Pivot, autre grand initiateur qui a confié son existence cathodique à notre micro de papier : cette livraison, lecteur, est un hommage, absolument, à des hommes qui lisent des livres.

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