« Il est mort des milliers de soleils aujourd’hui. » Il en restera un au moins à l’aplomb duquel passer été, automne, sous une mer de papiers. « O Paris, cerveau fou de la Terre », pour nous comme pour Laforgue, invité d’honneur de cette livraison, dont Henri Scepi brosse un portrait en grand liquidateur des biens littéraires. Ironique et bonimenteur, notre invité cependant sait vivre, qui dispense généreusement à ses hôtes des inédits foisonnants, en prose comme en vers, près de trente pages, de soleils bleus, expirants, valse d’enfer, et Paris toujours, « Paris chahute au gaz ». Alors, partirez-vous, estivants d’août et de septembre ?

Mais non ! pourquoi mentir ? tel qu’il est, mon Paris,
Je le préfère à tout avec ses heurts, ses cris,
Avec ses noirs dégoûts dont la stupeur hébète
Ses nuits blanches au gaz, ses lendemains de fête,
Avec ses coups de fouet, ses nocturnes appels
Ses caprices d’un jour et ses baisers mortels,
Et la vague sans frein de ses indifférences…

Et bien qu’il faille aller jusqu’à Douai pour s’ébrouer dans les flots du fonds Desbordes-Valmore, c’est encore à Paris, au fond d’une malle, d’un carton, que s’ouvrent des terrae incognitae au coeur des espaces les mieux cartographiés. Disons au hasard, Flaubert et la BnF : bonne pioche de Stéphanie Dord-Crouslé, qui tire de l’oubli les documents préparatoires du chapitre « Littérature » de Bouvard et Pécuchet, recomposant à leur appui les premiers montages scénariques de certains épisodes. Disons encore, Philippe Sollers, la presse littéraire : connu
tout ça, rabâché, amorti ? Magie de l’archive : les cinquante ans de coupures de presse du fonds Arribey exhibent du nouveau, la mécanique bricolée et tintamarresque d’un scénario non flaubertien : devenir Sollers. Reste que pour savoir comment on devient cramoisi, quand on est un costume de grand chambellan bleu, il faudra, lecteur, jouer à présent du coupe-papier.

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