Le charme de l’histoire littéraire tient beaucoup à sa manie d’aller se tapir dans les recoins minuscules. Ouvrez le journal inédit de Dominique Noguez : un microcosme s’agite sous la loupe, toute une miniature germanopratine pour les historiens des mœurs littéraires de demain. Plongez dans la conscience de Madame Aupick, tiraillée comme un personnage de dessin animé entre ses deux consciences, le tyrannique Émon et l’aimable Ancelle – lettres inédites. Plus infime encore : imaginez… nous sommes en 1928 et vous lisez, quoi de plus naturel, La Cigale uzégeoise : « Une inspiration en déroute semble flotter parmi les herbes », celle d’un surprenant René Char pré-surréaliste. Elle ne flotte guère en revanche, l’inspiration, dans les coupures de presse consacrées au XXe siècle à Apollinaire : gare aux journalistes pressés et approximatifs, car rien n’échappe à l’œil perçant de Michel Décaudin. Alors, prenons vite une forte résolution de début d’année : critique d’Histoires littéraires, tu ne dédaigneras ni les petits périodiques, ni les études maladroites (rendez-vous section des livres reçus, pour voir !). Ouvrons plutôt l’année de la critique modeste : on ramasserait de belles trouvailles avec de petites épuisettes, comme Bernard Lonjon qui collectionne les André comme d’autres les lettres, pourvu qu’ils écrivent à Carco ; on sortirait de notre château de papier pour voguer sur d’autres ondes, à la rencontre des écrivains parlants dont les propos radiophoniques suscitent, selon Hans Hartje, un champ d’études novateur et remuant. On se décentrerait, comme nous le suggère Sandrine Raffin : Hugo peut être exotique à Bamako. Bonne année à tous les découvreurs, aux inventeurs, aux lecteurs.

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