Vie littéraire. Le thème du XIXe Colloque des Invalides auquel j’assiste aujourd’hui à Paris est “Oubliettes et revenants”. Pour ce qui est des revenants, c’est bien sûr le fantôme de Jean-Jacques Lefrère qui vient en premier hanter les lieux et les participants à cet événement qu’il a contribué à créer. Alain Zalmanski rappellera les communications faites par Lefrère lors des trois premières éditions du colloque et on apprendra que l’homme avait un temps songé à monter une maison d’édition, à l’enseigne de “La danseuse unijambiste”, avec Christophe Bourseiller. Mais pour ce qui concerne les oubliettes et leurs éventuels résidents, le problème est plus délicat. Car s’il est un cadre dans lequel il est risqué de parler d’écrivains oubliés, c’est bien le Colloque des Invalides. Pause pendant le ColloqueLequel est peuplé de gens qui, lorsqu’ils vous auront entendu disserter sur l’auteur que vous avez choisi parce que vous le croyiez oublié, méconnu ou, mieux encre, inconnu, se feront un plaisir de vous démontrer qu’ils ne connaissent que lui, et bien mieux que vous. Vous faites une drôle de binette quand vous vous pointez avec votre Tartempion, frais déterré, et que vous constatez qu’un Zinszner ou un Walbecq n’ignorent rien du sbire en question et vous donnent en prime le nom du bougnat qui lui livrait le charbon. Pourtant, les efforts sont certains : s’attaquer à Glais-Bizoin, à Iwan Gilkin ou à Dubut de Laforest montre qu’on a su gratter dans les sous-couches mais l’assemblée a eu tôt fait de montrer quelques connaissances sur ces seconds couteaux sans lame. Il n’y aura guère que Beffroy de Reigny, exhumé par Elisabeth Chamontin, qui se sera avéré une bonne pioche. Cela dit, pour les béotiens de l’envergure d’un notulographe, il y a largement de quoi enrichir son dictionnaire d’histoire littéraire. Après la séance, direction la Faculté de médecine – au pas de course – où hommage est rendu à Jean-Jacques Lefrère. Des membres de sa famille et des milieux qu’il a fait progresser (la littérature et la médecine) prennent la parole “dans un amphithéâtre” comme le veut la chanson. On présente également le dernier numéro d’Histoires littéraires dont il a été question plus haut, on boit un coup et je photographie le monument aux morts.

Philippe Didion