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Cette nouvelle livraison d’Histoires Littéraires se place sous le signe de la révélation. Qu’on en juge. Jean Alesson, philogyne mais pas féministe, propagateur infatigable des mérites des femmes mais célibataire déterminé, polygraphe lanceur de multiples revues consacrées au service du beau sexe, fut aussi un Incohérent plein de fantaisie.

Jean Alesson (In L’exposition en famille. Revue illustrée de l’Exposition Universelle de 1900 du 5 juin 1900, BnF)

Gilles Picq nous convainc, avec toute l’érudition qui le caractérise, qu’Anatole Alès (son vrai nom), fonctionnaire au Ministère de la Justice est bien trop injustement oublié. Bouchor, Verlaine, Fauré : voilà par ailleurs un curieux trio qui ne parvint pas à accorder ses violons. S. Matton retrace, grâce à de nombreux documents inédits, la comédie des erreurs qui aboutit à ce qu’un morceau de musique sur un texte de Verlaine ne fut jamais réalisé. Mais l’écheveau des correspondances, des amitiés réussies et des rendez-vous manqués forme un récit qui nous permet de saisir sur le vif les va-et-vient de l’amitié entre Verlaine et Bouchor. Qui voudra connaître de nouveaux détails sur Larocque, le sulfureux auteur des Voluptueuses, condamné et mort fou, les découvrira dans l’article de Dominique Dumas, son mystérieux ou sa mystérieuse auteur(e). Prolongeant les recherches de J.-P. Goujon publiées naguère dans notre revue, il (ou elle) apporte de nouveaux documents, grâce aux recherches retrouvées de Pierre Louÿs. On y croisera avec surprise un Henry Fouquier, défenseur inattendu de celui que les tribunaux jugeaient indéfendable. Hugo, Rosny, Giono, Breton sont des stars qui occupent toute l’attention et en mettent plein la vue, au contraire des Alesson, Bouchor ou Larocque — mais n’ont-ils pas eux-mêmes rencontré une certaine forme d’invisibilité : quelque chose leur résiste, mais quoi ? C’est ce que Daniel Zinszner réussit à nous faire apercevoir. Quant à Jeanne d’Arc, tout le monde l’a vue, de Reims à Orléans, avant qu’elle ne disparaisse à Rouen. Mais à Lesbos ? Eh bien, si ! Grâce à Marie- Edmée Pau et Gisèle d’Estoc. La révélation est de taille et nous la devons à Nicole Cadène. Et Flaubert ? Que ne sait-on pas sur l’horrible travailleur qu’il était ? Quoique fassent des chercheurs pleins d’abnégation depuis des générations, il reste toujours des notes, des brouillons, des fragments qui n’attendent qu’un Yvan Leclerc pour les révéler. C’est cette fois-ci Flaubert à l’œuvre sur Salammbô qu’il nous permet d’apercevoir grâce à une riche collection privée. Dernière révélation, et non des moindres : celle qui éclaire la mort surprise de Michel Lévy, l’extraordinaire éditeur qui sut faire connaître les grands écrivains de son temps. Jean-Yves Mollier nous dit tout de ce que personne ne voulait savoir et reconstitue du même coup ce que furent la personnalité et le milieu de ce fascinant personnage.

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