Avec le printemps, Histoires littéraires s’éveille fantasque, poétique, et joue avec des mots : philomathie, polymathique, et un mot de passe, Vergiß mein nicht. Notre philomathie, sérieuse, est appliquée : il s’agit de Rimbaud l’Anglais, dont on publie des notes espagnoles inédites, flanquées, pour passer outre l’accusation de fétichisme, d’un exercice inédit aussi, le Questionnaire Rimbaud. Vergiß mein nicht ? De cette réflexion collective sur les limites du publiable et le trafic de reliques, s’élève un cri : « Mettez tout par terre, sous nos yeux ; le lecteur a le droit de voir, de trier, d’apprécier avec ses propres critères. Comme on désire des corps nus, on peut désirer des corpus nus, vierges de tout viol herméneutique. » Obtempérons. Voici presque nu, le journal de Dominique Noguez effeuillant un Saint-Germain-des-Prés un rien crépusculaire, il est vrai qu’on y enterre Derrida : Vergiß mein nicht. Inviolé aussi le corpus tridonensis, manière d’expérimentations prosodiques bien oubliées, alors que, écrivait Savine, elles servent au moins à « mettre une étincelle d’imprévu dans le siècle le plus platement bête qu’on ait pu rêver ». Mais nous qui sommes de notre siècle, nous publions d’abord contre l’oubli, à l’enseigne du myosotis, comme Jean-Louis Debauve, passeur d’histoire qui nous raconte ses collections et ses recherches, comme Tridon justement, et comme Musset, dont le « Vergiß mein nicht » offre autant une étude de cas de génétique qu’un emblème de l’histoire littéraire, gravé sur une tombe du Père-Lachaise. Tout y finit, même les mots : curieuse manie aussi, européenne et littéraire, de confier sa mémoire à des pierres écrites ! Angleterre, Espagne, Allemagne, Europe, on vous suit, mais d’où vient, Monsieur, votre polymathique ? Entrez, lecteur, et vous trouverez.

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